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Éducation, travail, objets, lieux, personnes : tout se numérise, tout se connecte, tout devient information. C'est la promesse d'un nouvel âge d'or qu'Internet nous fait miroiter. Il est vrai que jamais les planètes n'ont été aussi bien alignées. Le capital numérique est abondant et peu onéreux. Le coût marginal de production numérique est quasi nul : il suffit de copier/coller. Jamais autant de données n'ont été créées et dévorées par les ordinateurs. L'Internet confère à toute activité un don d'ubiquité impressionnante. Or, cet âge d'or planétaire n'est peut-être qu'un âge d'airain en puissance. L'Internet se nourrit d'effets de réseau puissants qui conduisent inéluctablement à un monde où le gagnant finit par rafler toute la mise, un monde dans lequel de nouveaux maîtres de forges, les maîtres de forges numériques, acquièrent une puissance inégalée. Cette puissance, ils la doivent aux rendements d'échelle croissants (plus ils gagnent, plus ils gagnent) mais aussi et surtout à un pacte faustien que, sous couvert de la trop fameuse « destruction créatrice », nous avons naïvement accepté : l'or de nos données contre une gratuité de pacotille qui cache un danger redoutable.

Cette obédience aux maîtres de forges numériques est en réalité une soumission au diktat algorithmique du tout quantifiable : « À chacun selon son chiffre ! » Plus nous avançons, anesthésiés par la gratification instantanée de la gratuité, plus nous échangeons notre or contre l'airain des maîtres de forge numériques : nos données (gratuites) sont celles dont ils nourrissent ces robots et ces algorithmes qui ne font qu'aggraver les inégalités entre les gagnants et les perdants. Nous sommes arrivés à une césure entre l'or et l'airain, césure cruciale et incertaine où tout est encore possible. En (re)visitant des lieux familiers (bibliothèques, écoles, phares?) des objets courants (canif, livre, clavier, banane?), en observant des personnes vivre au quotidien (salariés, membres de la classe moyenne, entrepreneurs, maîtres de forges, pirates...), en s'appuyant sur l'histoire, la philosophie, l'économie, la sociologie, la science et la poésie, ce livre illustre combien notre impatience est mauvaise conseillère, combien ce que l'on nous présente comme des vérités établies n'en sont pas.

Ce n'est pas de destruction créatrice (l'or qui naîtrait de l'airain) mais de créolisation (au sens du poète Edouard Glissant) dont il faut nous imprégner afin de nous échapper du redoutable triptyque dont nous sommes prisonniers : embarras des richesses (nous avons l'abondance malheureuse), pacte faustien qui galvaude nos données et les concentre dans des mains peu recommandables, corruption et capture prédatrice de la valeur (accaparée au-delà de toute raison, de tout talent ou de toute productivité marginale). Nous disposons des données, nos données, pour nous reprendre en main, pour nous appartenir et ne pas/plus appartenir à qui que ce soit sous quelque forme algorithmique que ce soit. Nous pouvons, à l'instar de cette révolution industrieuse qui avait précédé la révolution industrielle du XVIIIe siècle, bâtir nos propres plateformes, nos voisinages numériques, les relier les unes aux autres telles des rhizomes, croiser leurs richesses sans devoir faire totale obédience (y compris politique) aux maîtres de forges numériques, en démasquant la duperie de cet airain qui scintille trop pour être de l'or.

D'Or et d'airain

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Éducation, travail, objets, lieux, personnes : tout se numérise, tout se connecte, tout devient information. C'est la promesse d'un nouvel âge d'or qu'Internet nous fait miroiter. Il est vrai que jamais les planètes n'ont été aussi bien alignées.

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Auteur(s): Briys, Éric

Editeur: Les Belles Lettres

Année de Publication: 2017

Nombre de pages: 266

Langue: Français

ISBN: 978-2-251-44628-8

eISBN: 978-2-251-90282-1

Edition: 1

Éducation, travail, objets, lieux, personnes : tout se numérise, tout se connecte, tout devient information. C'est la promesse d'un nouvel âge d'or qu'Internet nous fait miroiter. Il est vrai que jamais les planètes n'ont été aussi bien alignées.

Éducation, travail, objets, lieux, personnes : tout se numérise, tout se connecte, tout devient information. C'est la promesse d'un nouvel âge d'or qu'Internet nous fait miroiter. Il est vrai que jamais les planètes n'ont été aussi bien alignées. Le capital numérique est abondant et peu onéreux. Le coût marginal de production numérique est quasi nul : il suffit de copier/coller. Jamais autant de données n'ont été créées et dévorées par les ordinateurs. L'Internet confère à toute activité un don d'ubiquité impressionnante. Or, cet âge d'or planétaire n'est peut-être qu'un âge d'airain en puissance. L'Internet se nourrit d'effets de réseau puissants qui conduisent inéluctablement à un monde où le gagnant finit par rafler toute la mise, un monde dans lequel de nouveaux maîtres de forges, les maîtres de forges numériques, acquièrent une puissance inégalée. Cette puissance, ils la doivent aux rendements d'échelle croissants (plus ils gagnent, plus ils gagnent) mais aussi et surtout à un pacte faustien que, sous couvert de la trop fameuse « destruction créatrice », nous avons naïvement accepté : l'or de nos données contre une gratuité de pacotille qui cache un danger redoutable.

Cette obédience aux maîtres de forges numériques est en réalité une soumission au diktat algorithmique du tout quantifiable : « À chacun selon son chiffre ! » Plus nous avançons, anesthésiés par la gratification instantanée de la gratuité, plus nous échangeons notre or contre l'airain des maîtres de forge numériques : nos données (gratuites) sont celles dont ils nourrissent ces robots et ces algorithmes qui ne font qu'aggraver les inégalités entre les gagnants et les perdants. Nous sommes arrivés à une césure entre l'or et l'airain, césure cruciale et incertaine où tout est encore possible. En (re)visitant des lieux familiers (bibliothèques, écoles, phares?) des objets courants (canif, livre, clavier, banane?), en observant des personnes vivre au quotidien (salariés, membres de la classe moyenne, entrepreneurs, maîtres de forges, pirates...), en s'appuyant sur l'histoire, la philosophie, l'économie, la sociologie, la science et la poésie, ce livre illustre combien notre impatience est mauvaise conseillère, combien ce que l'on nous présente comme des vérités établies n'en sont pas.

Ce n'est pas de destruction créatrice (l'or qui naîtrait de l'airain) mais de créolisation (au sens du poète Edouard Glissant) dont il faut nous imprégner afin de nous échapper du redoutable triptyque dont nous sommes prisonniers : embarras des richesses (nous avons l'abondance malheureuse), pacte faustien qui galvaude nos données et les concentre dans des mains peu recommandables, corruption et capture prédatrice de la valeur (accaparée au-delà de toute raison, de tout talent ou de toute productivité marginale). Nous disposons des données, nos données, pour nous reprendre en main, pour nous appartenir et ne pas/plus appartenir à qui que ce soit sous quelque forme algorithmique que ce soit. Nous pouvons, à l'instar de cette révolution industrieuse qui avait précédé la révolution industrielle du XVIIIe siècle, bâtir nos propres plateformes, nos voisinages numériques, les relier les unes aux autres telles des rhizomes, croiser leurs richesses sans devoir faire totale obédience (y compris politique) aux maîtres de forges numériques, en démasquant la duperie de cet airain qui scintille trop pour être de l'or.

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