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Auteur(s): Cuneo, Anne
Editeur: Bernard Campiche Editeur
Année de Publication: 2016
Nombre de pages: 441
Langue: Français

La vie et les aventures de John Florio, un des hommes qui a participé à façonner la culture européenne.
John Florio est né en Angleterre d’un père italien et d’une mère probablement anglaise ; il a grandi dans les Grisons suisses, puis, après des études à Tübingen, est retourné en Angleterre où cet Européen polyglotte a été le professeur d’italien, et parfois de français (langue qu’il parlait couramment), d’hommes et de femmes issus de toutes les classes sociales – marchands, nobles, artistes, princes et jusqu’à une reine ; il se pourrait que Shakespeare ait été un de ses élèves. Son dictionnaire italien-anglais et sa traduction des Essais de Montaigne en anglais sont de véritables monuments, à la fois linguistiques et culturels.
Anne Cuneo, grâce à de nombreuses recherches et une belle imagination, raconte la vie d’un grand passionné de la langue.
EXTRAIT
Un jour, j’ai explosé. Shakespeare m’avait exaspéré par je ne sais quelle remarque ou quelle moquerie.
« Cela me semble du temps perdu de vouloir démontrer à un malotru de votre espèce la supériorité de la langue italienne. »
« Allez-y, je ne vous en empêche pas ! »
Son ton était tellement sarcastique que j’ai vu rouge.
« La langue est aussi importante pour habiller la pensée que de beaux vêtements le sont pour une belle femme… »
« Une femme sans vêtements est encore plus b… »
« Mais arrêtez donc de blasphémer ! Je désespère de vous faire comprendre combien la langue italienne est parfaite, aimable, splendide, illustre, riche et grave, pourvue de cette pureté, de toutes les qualités nécessaires pour une langue : élégance, clarté, style, elle a tout, et vouloir la définir, ce serait comme vouloir définir la lumière du soleil – c’est la fille aînée du latin, elle mérite d’être considérée comme la plus digne, la plus variée, la plus excellente de toutes. »
Je me suis arrêté pour reprendre mon souffle, et pendant un instant Will Shakespeare m’a regardé fixement sans rien dire. Lorsqu’il a parlé, il y avait, à mon grand étonnement, de l’émotion dans sa voix.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
En nous racontant la vie de cet homme exceptionnel, perpétuellement hanté par le désir